Résistance et collaboration, une époque troublée
De la Seconde Guerre mondiale… Le roman sait admirablement traiter les fracas de la guerre ; il s’empare des convulsions d’une époque troublée, des motivations tantôt nobles, tantôt ignobles pour laisser des repères dans notre mémoire collective.
Trois romans français sont emblématiques de cette sinistre période :
La collaboration sans conviction, si ce n’est celle de s’enrichir avec Au Bon Beurre de Jean Dutourd. Un couple de crémiers prêt à toutes les bassesses pour s’enrichir : marché noir, délation et bien sûr changeant de bord au dernier moment pour continuer leurs ignominies dans l’après-guerre. Un grand roman mais un roman cruel et ironique sur l’infamie et la bêtise triomphante.
La résistance passive. Le Silence de la mer de Vercors en est la parfaite illustration : un vieil homme et sa nièce, contraints d’héberger un soldat allemand, résistent par le silence aux soliloques de l’officier. Le livre publié clandestinement, fut le premier livre des Éditions de Minuit et son premier succès. Pour l’anecdote : dans l’immédiate après-guerre, un inconnu mais ancien résistant qui voulait faire du cinéma, demanda à Vercors l’autorisation d’adapter sa nouvelle.
Vercors refusa. Notre apprenti cinéaste tourna sans autorisation, montra le résultat à l’auteur qui lui donna alors son accord. Le cinéaste, c’est Jean-Pierre Melville et Le Silence de la mer, tourné avec des bouts de ficelle, le premier film d’une longue carrière.
La résistance. L’Armée des ombres de Joseph Kessel, un roman fort, écrit avec une économie de mots, de paroles, où on suit un groupe de résistants jusqu’à la mort. Le roman, comme son adaptation au cinéma par Melville (encore et toujours) est LE roman de la résistance à lire et à relire.